Cela faisait maintenant près de quatre mois que Seth était retourné en Irak. Rhodes venait d'être promu colonel. On était à présent en Décembre et encore une fois, il ne passerait pas les fêtes de fin d'année en famille. Il se trouvait encore une fois seul dans sa tente, perdu au milieu de l'immensité du désert. Dehors, il faisait froid à vous geler jusqu'à la moelle, comme à chaque fois que le soleil disparaissait. A l'intérieur, Seth faisait les quatre-cents pas dans son abri de fortune, songeant à ses proches. Il les imaginait assis tous ensemble autours d'une jolie table, couverte d'une grande nappe rouge, ornée de grands chandeliers et de l'argenterie que Lily ne sortait que pour les grandes occasions. Il les voyait, priant pour le beau repas qui se présentait à eux. Il se rappela aussi l'odeur de la dinde de Noël, la saveur de la bûche si attendue pour le dessert. Pour tout réconfort, il n'aurait qu'un appel téléphonique. Comme toujours, il leur dira que tout va bien, se voudra rassurant, évitant de parler des pertes de ses compatriotes. Il sentira l'émotion dans la voix de sa mère qui lui donnera des nouvelles de ceux restés dans leur pays. Puis ils raccrocheront. Il tenta de se calmer, d'arrêter de penser, cela le faisait terriblement souffrir. Il s'essaya sur sa chaise, face à son bureau. Il prit le cadre avec la photo de la famille tout sourire prise il y avait quelques années de ça, le regarda pendant de longues secondes avant de se résilier à le poser sur le bureau, le portrait face à la table. Il mit sa tête entre ses mains, soupira et ferma les yeux, épuisé par la journée qui venait de s'écouler. Cependant, Seth se ressaisit et entreprit de rédiger son rapport sur les assauts menés ce jour-là. C'est alors qu'il entendit une voix familière demander : "Colonel Rhodes, vous êtes là ?" Seth se leva, reconnaissant le soldat Rollins derrière cette question. Il poussa le pend de la tenture servant d'entrée et invita le beau brun à entrer en le prenant par le col de son uniforme tout en l'embrassant passionnément. Quand il s'arrêta pour enlever la lourde veste de son amant, celui-ci ne put s'empêcher de dire en rigolant : "Je prends ça pour un oui !" "Tais-toi et enlève tout ça." Il posa à nouveau ses lèvres chaudes sur les siennes, encore fraîches d'avoir traverser les allées du camp par ce temps hivernal. Cela faisait des mois que Seth était tombé sous le charme de Dean et qu'ils se voyaient le soir en cachette. Il l'aidait à avancer, quoi qu'il arrive. Ils se serraient les coudes dans les moments difficiles. Le colonel se croyait amoureux, mais peut-être que la guerre avait le pouvoir de décupler les sentiments et qu'une fois revenu aux États-Unis, ils se rendraient compte que tout cela n'était qu'une illusion. "T'es pressé ce soir !" "C'est les fêtes, ça me donne le cafard." Dit-il tout en lui retirant son tee-shirt kaki que portaient tous les militaires. Il le prit ensuite par la main, le menant jusqu'à ce qui lui servait de lit. Cette nuit-là, l'unité de Seth n'était pas de garde, personne ne viendrait donc les déranger, à part en cas de grave danger. Ils jouaient cependant avec le feu et ils le savaient. Si leur relation venait à être découverte, ils risquaient de mettre fin à leur carrière dans l'armée. Ils s'en fichaient, vivant leur histoire au jour le jour, ne pouvant savoir de quoi serait fait demain. Dean avait fini par s'endormir, le bel âtre dans le plus simple appareil blottit contre lui. Ce dernier n'arrivait pas à fermer l’œil, veillant à ce qu'ils ne soient pas découverts. Il se tourna vers le beau militaire, passa sa main dans ses cheveux et l'embrassa avec tendresse. Celui-ci ouvrit les yeux et un franc sourire illumina son visage. "Salut beauté." "Il faudrait que tu retourne à ta tente." lui chuchota le colonel. "Très bien chef." Il s'assit au bord du lit, commença à se rhabiller en silence alors que Seth admirait son corps de rêve. Il le regarda ensuite quitter son antre en silence.