What’s going on in that beautiful mind
I’m on your magical mystery ride
crédits/tumblr ~ john legend

Les yeux rivés sur un tas de  feuilles à carreaux où repose ton écriture, tu continues de remuer les petits légumes qui cuisent au fond de la casserole. La cuisine était une activité qui avait le don de te détendre quelques fois et bien que tu ne sois pas une grande adepte et douée de l’art culinaire, tu savais néanmoins te débrouiller pour préparer quelques petits plats de base. Des recettes que tu devais au bon soin pratique de ton père. Ce dernier t’avait demandé de bien vouloir commencer à préparer le repas de ce soir car il recevait des amis de longue date. Cuisiner dans l’appartement de ton enfance avait le don de bousculer tes souvenirs pour une période où tu étais à peine plus haute que trois pommes et où tout un tas de farine trônait un peu partout, déclenchant ainsi les réprimandes de ta figure maternelle. Ton père aimait l’ordre dans sa cuisine bien qu’aujourd’hui il avait su prendre beaucoup de recul.  Lunette sur le bout du nez, tu passes une main dans tes cheveux pou dégagé légèrement ta nuque, dansant d’un pied sur l’autre pour soulager le fait d’être constamment debout. Une fois la dernière page de tes feuilles terminés, tu jettes un bref coup d’œil à ta montre en constatant que l’heure de te rendre à la soirée organisée par Austin arrivait à grand pas.  Bien que tu vives dans ton propre logement, il t’arrivait encore quelques fois de venir dormir chez ton père et donc d’y laisser quelques affaires, le genre de vêtements dont tu demeures peu friande en priorité : les robes et les jupes, des tenues bien trop apprêtés que tu avais laissées derrière toi voilà bien longtemps. Perdue dans ce filon de pensées, tu es néanmoins tirée de ta réflexion par  le claquement sourd de la porte, preuve que ton père est bel et bien rentré, sa voix chantante et communicative te parvenant jusqu’à la cuisine alors que tu viens à sa rencontre. « Je suis désolé ma grande, je ne t’ai pas mise en retard au moins ? ». Te dit-il en te détaillant de la tête au pied, une moue réprobatrice et sérieuse accrochée à ses traits. Tout en croisant les bras sur son torse, il soupire avant de lever un sac provenant d’un magasin de vêtement. « Bien sûr que non à ce que je vois … Alors j’arrive au bon moment, allez file te préparer, enfile ça et va t’amuser Saige ! ». Une grimace peu convaincue se peint sur tes traits d’expressions. Ton père était aussi prévenant que tu étais maladroite, mais cela étant dans sa nature tu sais très bien qu’il n’est pas bon de le décevoir et puis à en juger par l’heure qu’affichait l’horloge de l’entrée du salon, autant lui faire confiance. Après la mort de sa mère, il avait été obligé d’aller de l’avant, s’occupant de toi comme elle faisait autrefois. Jouant à la fois sur le plan personnel et sur le plan professionnel. L’indépendance était devenue alors l’une de tes qualités principales et ton père voulait te voir profiter de l’existence. Une bonne heure plus tard, tu pénètres dans l’enceinte du Moses Hackett où s’agite déjà une petite foule à la fois dense et dynamique. Cette dernière te permet de dégager déjà quelques personnes de ta connaissance dont une camarade avec laquelle tu partageais  plusieurs cours à l’université mais vu le destinataire de sa conversation, tu préférais la laisser à ses bons soins. Bras croisés contre ta poitrine, tu resserres les pans de ton gilet cachant quelque peu la robe blanche et bleu foncé qui soulignait trait pour trait les gouts féminins de de la réceptionniste de ton père. Elle avait le compas dans l’œil certes mais c’était loin d’être ton style, pour autant tu ne pouvais que remercier sa faculté à penser à tout, même au dernier moment. D’un mouvement circulaire, tu te mets à songer à Eggie. Le jeune homme était également un ami de l’hôte de la soirée, tu avais d’ailleurs connu Austin lors d’un stage un peu plus tôt l’année dernière en sa compagnie. Il avait été court mais bénéfique, du moins tu parvenais davantage à laisser ta créativité prendre de l’assurance au contact d’Eggie. C’était plutôt difficile à croire lorsqu’on connait la valeur de vos deux caractères mais c’était une réalité qui t’apprenait énormément. Il te faisait confiance sur le plan professionnel et te poussait à te dépasser. Tu relèves légèrement la tête pour saluer Austin de loin qui vient de te repérer et tu lui souris tout en lui faisant signe que tu t’apprêtais à aller prendre un vers. Tu te diriges vers le comptoir du bar, seulement ton corps heurte quelque peu une autre personne. Résultat, le verre de l’individu s’écoule sur le sol, sa voix s’élevant assez pour que tu puisses l’entendre. « Hé ! T'aurais pu faire at.. ». Une voix sur laquelle tu ne peux pas te tromper. Eggie. Quand on parlait du loup, il n’était pas très loin. Vos regards se croisent, le sien traduisant un certain mal être, un certain étonnement. Ton attention se fixe sur sa personne, occultant l’espace d’une fraction de seconde le monde qui vous entoure avant de reprendre contenance. « Tu commences bien là soirée à jouer ton grincheux … je suis désolé, j’aurais dû regarder devant moi au lieu de regarder par terre. ». Déclares-tu en souriant timidement. Tu saisis le verre qu’il tient dans sa main, tout en désignant d’un signe de tête le bar. « Pour la peine, je t’en offre un autre. ». Tu t’avances vers le barman qui te considère d’un clin d’œil avant de te servir ta commande. Tu esquisses un sourire forcé presque las, tu n’aimes guère ce genre de personnes qui draguent ouvertement d’autant plus qu’il n’était pas du tout ton type. Une fois ta commande servit, tu prends le verre pour rejoindre Eggie dont l’expression n’a pas réellement changé depuis tout à l’heure.  « Tiens … Alors toujours en colère ? ». Dis-tu en souriant amusé.